Voilà, de retour de ce magnifique raid dans la Drôme et le Vercors.
Afin d'être cool sur place, nous avons décidé de partir le mercredi 28 vers 9h30. Viamichelin nous donnait une arrivée vers 19h, c'était parfait pour aller manger un petit bout tranquille dans le centre de Gap et pour ensuite monter la tente. C'était sans compter sur un gros accident qui paralysait toute l'autoroute, créant un bouchon de 12 kms et bloquant également le centre de Grenoble. L'heure d'arrivée prévue sur le GPS n'en finissait pas de reculer. 19h30, 19h46, 20h15,... 20h45... Ouf, nous apercevons enfin le panneau " GAP ". Repérage des lieux pour dormir, sur le stade de rugby, mais les barrières ne sont pas encore ouvertes. Tant pis, nous dormirons en-dehors du terrain, sur la seule partie plate de la pelouse qui le borde. Nous plantons donc nos tentes. Nous sommes les premiers. Petit resto dans Gap, en terrasse, merci la météo ( car le beau temps semblait ne pas faire partie du programme du week-end ). Retour à notre bivouac. 2-3 mobilhomes sont arrivés entretemps. Chacun rejoint sa tente et tente de dormir pour recharger les accus pour les 3 jours qui nous attendent. Il s'avèrera le lendemain qu'aucun de nous n'a vraiment bien dormi. Un certain stress quand même... Le lendemain matin, il y avait plein de mobilhomes, de camionnettes, et quelques tentes. Ils ont dû arriver pendant la nuit, mais rien entendu. Pas si mal dormi finalement.
Vers 7h30, c'est l'effervescence. Les organisateurs s'agitent dans tous les sens. Banderoles, tables d'accueil pour les dossards, préparation des différents chalets ( boissons, promos, repas,... ), montage du podium... Quant à nous, une bonne douche et direction Gap pour un bon petit-déj en terrasse, parce que oui, le soleil est toujours là. Une bonne terrasse ensoleillée, que nous ne quitterons que vers 11h pour retourner au bivouac afin d'aller conduire la voiture à Die. Départ à 12h30. Trajet de +/- 1h30. On monte dans le car du retour vers 15h30 et avant de démarrer le chauffeur se lève et nous dit en brandissant la main : " pour ceux qui le souhaitent, j'ai des sacs plastiques pour le trajet ". Rires dans le car. Après à peine 600 mètres, on est quand même plusieurs à penser que finalement, on va peut-être se servir de ses sacs. C'est qu'il est occupé à nous faire une course de côte avec son car le gaillard !
Les lacets s'enchainent à toute vitesse, les voitures sont priées de se ranger sur le coté pour les dépassements,... Bref, on ne va pas arriver en retard au briefing de 18h !
A notre arrivée, tout est blindé. Ca s'agite dans tous les sens, montage des tentes, files pour les sanitaires, files pour les dossards, dernier check des vélos,... A 18h, briefing sur la pelouse du stade ou la pluie et les orages menacent, mais finalement, nous sommes épargnés, et puis repas, le premier servi par l'organisation. Et quel repas ! On m'avait dit que tout était nickel et bien ce n'est pas peu dire. Un dernier check pour le lendemain et au dodo.
Jour 1 :Réveil à 5h30. Petit déjeuner à 6h30. Les têtes ne sont pas les mêmes qu'hier. On sent que la tension et l'appréhension monte... On démonte tout et on apporte nos affaires au camion. Ensuite, long défilé de vélos jusqu'à l'aire de départ, situé dans une petite rue de Gap. Les Elites devant. Nous partirons 15 minutes après eux, histoire de leur laisser un peu de temps avant de les dépasser
Le cœur bat de plus en plus fort, les mains sont moites, dernier sms avant un long moment et à 8h35 GO, c'est parti pour la première journée. Ca commence tout de suite par une longue montée de 3 kms sur route. Ensuite ça sillonne sur des petits chemins et dans les bois ( un peu le même terrain que chez nous ) pendant +/- 15 kms. Il fait toujours beau et les paysages sont déjà magnifiques. Aucune grosse difficulté jusqu'à présent et pourtant, je connais un passage à vide monstrueux du km 20 au km 46. Une véritable traversée du désert, rien dans les jambes, rien dans les bras pour les portages. Je suis complètement cuit...
J'ai une sensation de faim, c'est horrible. Est-ce le long trajet en voiture ou les 2 mauvaises nuits ? Je ne sais pas. Alors, pendant ces 26 longs kilomètres, je mange tout ce que j'ai : barres, pain d'épices, gel liquide, petits beurres. Et arrivé au ravito des 46, rebelote : pain, fromage, jambon,... tout rentre !
Espérons que ça ne ressortira pas. Bon, je ne suis pas à l'avance. Go pour la suite. Ca attaque directement avec un longue côte. Dur dur au début, mais après +/- 20 minutes, la magie opère, les jambes reviennent. J'avais juste besoin de carburant en fait. Il était déjà 13h30 et il me restait encore 40 bornes. Je savais que j'arriverais tard au camping. Le ciel s'assombrissait, l'orage grondait, le vent se levait et ça n'en finissait plus de monter. Je serais encore plus tard que ce que je pensais. Soudain, vers 16h, les éléments se déchainent : orage, foudre, pluie, vent et puis grêle. La température chute fortement. Comme beaucoup, je suis trempé et j'ai froid. Après une descente casse-pattes ou nos roues se bloquaient tellement il y avait de la boue entre la fourche et le pneu, nous sommes nombreux à nous réfugier dans une grange pour remettre une couche et une veste. Certains ne se réchaufferont jamais et abandonneront au prochain ravito, hypothermie, direction hosto pour certains. D'autres sont dégoutés et décident également de rentrer avec le camion balai. Je rince mon vélo au ravito, il reste 18 bornes et le ciel est noir et bas. Toutes les conditions sont réunies pour laisser tomber. Mais non, je ferai ce raid jusqu'au bout. C'est reparti. Nous sommes une poignée à nous élancer en même temps et nous décidons de nous attendre pour mieux se soutenir et s'encourager. Les galères ne sont pas finies, le vent a eu raison d'une flèche. Nous nous perdons. Heureusement pas longtemps, mais suffisamment pour encore prendre un coup au moral. Finalement, nous arrivons au camping vers 18h15. Il faut maintenant retrouver sa valise, monter sa tente sous la pluie, laver son vélo, le mettre au parc vtt, prendre sa douche, aller manger et puis écouter le briefing. Aahh une douche, une bonne douche chaude. Sauf qu'il y a une file monstrueuse. Et il pleut toujours autant. Les descentes d'eau pluviale ne suivent pas, les gouttières débordent. Tant pis, ce sera pour après le repas et le briefing. Je suis assis dans ce hangar non chauffé, trempé, j'ai froid, je suis crevé, pour manger. La pluie qui tape sur la tôle ondulée fait un boucan pas possible. A nouveau un repas excellent. Après le briefing et encore une petite file, une bonne douche. Il est 21h15. Je reste longtemps sous cette douche bien chaude. 22h au lit. J'ai les pieds gelés, mais je tombe comme une souche.
jour 2 :6h00, je me réveille, toujours les pieds gelés. Il ne pleut plus. Le départ est prévu à 8h30. Longue file pour le petit déj. Les têtes ont encore changé par rapport à hier. Les cernes se creusent. Ca discute de la journée d'hier. Certains ne repartiront pas, this is the end. Je replie mes bagages à mon aise. Direction les sanitaires. Je resterai de longues minutes les pieds dans le lavabo rempli d'eau chaude. De trop longues minutes d'ailleurs, je me présenterai sur la ligne de départ avec 20 minutes de retard...
Mais tant pis, je n'ai plus froid aux pieds et je me sens beaucoup mieux. J'attaque cette journée ultra motivé. Et tout va bien. Il fait beau, j'ai des jambes. Je remonte plein de coureurs. J'arrive au camping vers 15h. Quel bonheur. Exit les idées noires de la veille. Je viens de boucler les 55 kms et 2600 D+ en un peu moins de 7h ( oui oui, vous avez bien lu, ça fait du 8 km/h de moyenne )...
A nouveau un repas excellent ( veloutine de champignons en entrée, bœuf en sauce avec de la semoule, dessert chocolaté, fromage, pain,... ).
Vient l'heure du briefing. La journée qui nous attend demain est la plus dure : 90 bornes et 3300 D+...
Un peu plus roulante, mais un mix des 2 premières journées. Le petit déj est donc programmé à 4h30 et le départ à 6h30.
Le responsable signale au passage que le départ n'est pas à la carte et qu'on est prié d'être à l'heure....
( ok, bien compris... ) Allez zou, un petit verre de rosé pour mieux dormir.
jour 3 :On ne m'y reprendra plus à être en retard sur la ligne de départ. Réveil à 3h30 et devant les portes pour le petit dej à 4h20. Je suis loin d'être le premier
. A 4h30, ouverture des portes, il y a déjà une file jusque sur la rue. 6h20, je suis sur la ligne de départ et 6h40, c'est parti. Les jambes vont de mieux en mieux. Il ne faut pas trainer aujourd'hui. Vu la distance et le parcours, les organisateurs ont instauré des portes horaires. 11h pour la première, ensuite 13h et 13h36 pour la dernière. A noter qu'il y a 15 kilomètres entre celle de 13h et celle de 13h30. Autrement dit, il faut être bien à l'avance sur celle de 13h. Mais tout va bien, ça roule. Ca monte, ça descend, ça va vite, très vite, trop vite. Un gars devant moi rate une épingle et fait un soleil. Il se retrouve 3 m plus bas. Pus de peur que de mal. Je l'aide à remonter. C'est reparti. Un passage sur route. Super, j'ouvre les gaz. Et d'un coup ça bifurque sur la gauche et on rentre dans un bois. J'arrive beaucoup trop vite.... Par chance, je parviens à déclipser. La pente est tellement forte que j'arrive à sauter de mon vélo sans partir avec lui. Je suis bon pour un petit rouler-bouler, mais sans gravité. Je vais rechercher mon vélo 2-3 mètres plus loin. La machine n'a rien, l'homme non plus. C'est reparti. Je commence à rattraper mon retard. Ok, ça va être chaud, mais ça va aller. Sauf que, nous sommes plusieurs à nous tromper de chemin ( je retiendrai qu'il ne faut jamais suivre bêtement
) et je perds 10 minutes dans l'aventure. Pas grave, je mets le turbo. Et bardaf, quelques kms plus loin, un gars passe au-dessus de son vélo devant moi et atterri sur les genoux. Le pauvre ne sait plus marcher. Je reste donc prêt de lui jusqu'au moment ou tout est ok. Il saigne bien, mais ça va, il repart. L'heure tourne, ça pue de + en +. Mais je pousse, j'y crois. Go. prochain ravito, je ne m'arrêterai pas. Je serai finalement contraint de m'arrêter. Dans une descente technique et chahutée, mes 2 bidons sont tombés et se sont ouverts. Damned !
Allez c'est reparti, à fond. Mais trop tard, j'arriverai à la porte horaire avec 9 petites minutes de retard. Je suis dépité, je ne peux pas terminer la rando et parcourir les 25 derniers kilomètres...
Je suis furieux. De l'autre coté de la barrière, des gars qui sont arrivés tout juste à 13h36 et qui peuvent repartir, pourquoi je ne peux pas repartir avec eux, ils ne roulent pas mieux que moi... Je suis sur les nerfs, tout ça pour ça... Je gueule sur l'organisation... ( je ne me reconnais plus, je crois que mes nerfs me lâchent en fait ). Je resterai de longues minutes assis sur mon vélo, la tête entre les mains...Tant pis, je dois aller jusqu'à Die par la route. J'ai un goût de trop peu et je suis déçu... Heureusement, les copains et la terrasse sur la place de la cathédrale à Die, ainsi qu'une ( des
) bière me remonteront le moral. Le petit Ricard juste après a également fait son travail....
Le raid est fini. Nous ne réalisons pas encore vraiment. Avec toute une bande, on se retrouve au camping municipal et ensuite au resto de ce même camping autour d'un ( des
) petit verre de Rosé et d'une bonne pizza. Les bons et moins bons souvenirs sont partagés. Allez, finalement, on y reviendra à cette sal.. de pu... de con.. de me... de raid vtt qui nous a tant fait souffrir !
Au final que dire, c'est juste énorme et loin d'être, comme je l'avais dit dans mon premier message, une randonnée dominicale. C'est très dur. Ca monte tout le temps, sur des pistes, mais aussi dans la caillasse, sur des petits chemins dans les bois, remplis de racines, de branches et de cailloux dans lesquels on n'avance pas. Et les portages, plein de portages, pendant des heures et des centaines de mètres. Des descentes à couper le souffle. Tout comme les paysages. Des chutes, partout, tout le temps ( 12 personnes à l'hosto rien que le premier jour ) => clavicule, bras, arcade, poignet, cote,... tout y passe tellement le terrain a été rendu glissant avec la pluie.
Mais quelle organisation ! Rien à dire. Les repas du soir sont parfaits. Les petits déjeuners aussi. Les ravitos sont ultra complets. Bref, que du bonheur. J'en ai bavé, j'ai juré mes grands dieux qu'on ne m'y reprendrait plus, surtout après avoir raté la dernière porte horaire ( pour 9 petites minutes ) alors que j'avais tout donné. Je n'ai donc pas pu faire les 25 derniers kms de la rando et j'ai dû rentrer par la route ( tout comme plus de la moitié des participants ). Et pourtant, pourtant, après coup, c'est décidé, je le referai l'année prochaine.
Je roule en semi-rigide, mais ça ne m'a pas vraiment handicapé. Nous étions nombreux à rouler en semi. Les pros roulent d'ailleurs en semi. J'en profite d'ailleurs pour souligner et applaudir la magnifique performance de l'équipe Raes-Niner ( Julien et Alexis ) pour leur 2e place derrière....Thomas Dietsch ( excusez du peu ! ).
Plus d'infos sur ma page Facebook ( vous pourrez notamment y voir une vidéo assez impressionnante d'un passage sur une corniche, faite par Pascal Leplae ) ou sur le site du raid ou sur la page Facebook du raid.
En tout cas, dur dur de reprendre une vie normale après une telle aventure....